Ses locaux sont en lisière du périphérique parisien, dans l'incubateur Paris Innovation Masséna. Après 400 000 dollars de chiffre d'affaires en 2014, Evercontact en vise 1 million cette année. Dollars ? Oui, dans cette start-up créée par le linguiste Philippe Laval, la langue du business est l'américain: 70% du chiffre d'affaires est réalisé aux Etats-Unis, 15% en France, 15% dans le reste du monde. Et ce, depuis ses débuts: Evercontact est un vrai "born global", une entreprise partie à l'assaut du monde alors que l'encre de ses statuts n'était pas encore sèche... Explication, avec le créateur de cette application qui analyse les e-mails de ses utilisateurs, détecte les informations relatives aux coordonnées de l'expéditeur et met automatiquement à jour le carnet d'adresse.
L'Expansion : Pourquoi les USA sont-ils si importants pour vous ?
Philippe Laval: La raison n°1, c'est que nos partenaires, nos concurrents sont américains, voire californiens. Il est donc essentiel d'être présent sur ce marché. Nous avons choisi de nous focaliser dessus directement : par exemple, notre site Internet, les quatre premières années, n'existait qu'en anglais.
Traditionnellement, on assure ses positions sur son marché national avant de penser à l'international. Vous, pas du tout...
Je ne voulais pas réitérer l'erreur commise avec mon ancienne entreprise, Sinequa, qui avait été d'adopter justement la stratégie que vous citez. Nous avions attendu 5 ans pour attaquer l'international, et ç'avait été un échec complet (depuis, la société a réussi à redresser le tir). J'en ai déduit qu'il fallait prendre dès le départ le pli de l'international.
C'est-à-dire que l'export est un réflexe à prendre au plus vite ?
C'est plus que cela : viser un marché mondial change votre façon de travailler. En France, c'est par le haut que vous arrivez à installer vos logiciels. Vous avez le contact direct, vous discutez, vous adaptez votre produit au besoin du client... Bref, vous faire du sur-mesures. En visant directement des clients à l'autre bout du monde, nous étions obligé d'avoir un produit simple à installer, auto-explicatif : de cette manière, nous industrialisons notre processus de vente. Résultats, aux Etats-Unis, les entreprises vont déployer 10, 100, 1000 postes sans nous passer un coup de fil. Pour nous c'est essentiel : selon les cas, nous facturons notre produit 60 à 150$ par an et par poste. A ce tarif-là, on ne met pas en place de politique commerciale trop onéreuse...
Le marché américain n'est-il pas aussi plus mature?
C'est vrai les Américains sont plus prêts à payer. En France, les pics d'achats sont 3 jours avant la fin de la période gratuite, et 4 jours après l'arrêt de cette période. Aux USA, c'est le premier jour. Ils installent, ils testent (ou pas), ça fonctionne, ils paient.
Pourquoi alors ne pas vous être directement lancés depuis la Silicon Valley ?
Mais parce que la France a des atouts, notamment des ingénieurs qui valent bien ceux de la Silicon Valley, et moins chers... Et puis, sur le papier on peut tout à fait être présent sur ce marché en y passant une semaine par mois. Le problème, c'est qu'avec la gestion au quotidien de l'entreprise, cette semaine par mois est rapidement devenue dix jours par trimestre. C'es
Recent Comments